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«… Alors qu’en 1814, Genève entrait dans la Confédération, le peintre genevois Adam Töpffer, père de Rodolphe Töpffer, dénonçait avec mordant au travers de ses caricatures, les hommes politiques, acteurs de la Restauration de Genève…»
Le 31 décembre 1813, Genève, chef-lieu du Département du Léman depuis son annexion à la France en 1798, proclame son indépendance. Encouragés par les défaites de Napoléon, quelques citoyens issus de l’ancienne aristocratie emmenés par Ami Lullin et Joseph Des Arts jugent le moment opportun pour restaurer la République.
Très vite, il devient évident que le seul avenir possible est l’entrée de Genève dans la Confédération helvétique. Pour atteindre ce but, deux conditions doivent être remplies: la formation d’un territoire contigu à la Suisse et la rédaction d’une nouvelle constitution.
Les négociations territoriales seront confiées à Pictet de Rochemont qui s’en acquittera aux Congrès de Paris et de Vienne.
La nouvelle constitution est l’oeuvre du syndic Des Arts. Réactionnaire, elle ignore la plupart des droits démocratiques acquis dès 1789. Elle supprime l’ancien Conseil général des citoyens, concentre les pouvoirs entre les mains d’un Conseil d’Etat de 25 membres, prévoit un Conseil représentatif aux attributions limitées et élu au suffrage censitaire – seuls les citoyens disposant d’un revenu élevé peuvent voter. Elle est votée et adoptée sans débat en août 1814, malgré les réserves de quelques esprits éclairés, tels Jean de Sismondi, Etienne Dumont et François Bellot.
Pour sa part, le peintre Wolfgang-Adam Töpffer, père de Rodolphe, proche des milieux libéraux, prend ses crayons et ses pinceaux pour dénoncer avec humour les travers de la Constitution. Il en fait un texte digne d’un tyran, s’en prenant en particulier à l’article 8, dont le chiffre figure sur les vêtements du syndic Des Arts. Cet article dispensait du seuil financier fixé pour pouvoir voter un certain nombre de notables – professeurs, pasteurs, responsables d’institutions de santé ou de bienfaisance – réputés favorables au régime!
Töpffer ne limite pas ses traits à la politique: il se moque aussi du manque de générosité des hommes de pouvoir pour les beaux-arts et les montre davantage préoccupés de machines agricoles que de soutien aux artistes; il dénonce les combats entre clergé catholique et pasteurs protestants; il souligne les travers physiques de certains acteurs de la vie genevoise. Bref, il décrit de manière drolatique la comédie humaine de la Genève de la Restauration.
Cette exposition a été réalisée en collaboration avec les Musées d’art et d’histoire de Genève.
Interview d’Olivier Fatio dans le Musée devant un tableau de W-A Töpffer