Visites guidées
Le cœur a ses réseaux…, la Réforme ses influenceuses
N’en déplaise à l’historiographie des temps passés, la Réforme, de ses balbutiements germaniques dès 1517 à son expansion européenne au cours des siècles suivants, doit beaucoup aux femmes, aussi bien protestantes que catholiques. Figures singulières dans un paysage politique et culturel alors résolument masculin, ces reines protectrices, nonnes défroquées et écrivaines inspirées laissent, par leurs engagements individuels, mais aussi par leur réseau de pensée, un héritage qui mérite d’être régulièrement mis en lumière.
Détentrices d’un pouvoir politico-religieux comme l’abbesse impériale Katharina von Zimmern à Zürich ou Elizabeth Ire en Angleterre, épouses de réformateurs telles Idelette de Bure ou Wibrandis Rosenblatt, toutes nous racontent une histoire de la Réforme intime et parfois méconnue du grand public. Parmi elles, une personnalité locale fait figure d’exemple tant par son évolution spirituelle que par son parcours de vie : Marie Dentière. Cette ancienne religieuse catholique séduite par les écrits de Martin Luther se réfugie à Strasbourg en 1524, avant de gagner le Pays de Vaud dès les années 1528. Veuve d’un premier époux – qu’elle a suivi de l’Alsace jusqu’à Aigle –, elle se remarie avec un jeune pasteur dauphinois de 14 ans son cadet, Antoine Froment, qui prêche alors en public au Molard.
Théologienne, lettrée et engagée, Marie Dentière, en parallèle de son rôle d’épouse, publie clandestinement à Genève en 1539 une œuvre qui suscite la controverse. Sa célèbre Épistre très utile – qu’elle dédicace à sa protectrice Marguerite de Navarre, sœur de François Ier – manifeste clairement une démarche réformatrice et féministe avant l’heure. Dentière y défend en effet, arguments bibliques à l’appui, sa position de théologienne, et prône le droit des femmes de commenter la Bible et de prêcher. Dentière qui, quatre ans plus tôt s’était déjà attiré les critiques de la religieuse Jeanne de Jussie et des sœurs clarisses du Bourg-de-Four qu’elle essayait de convertir, subit, à la suite de sa publication, une réprimande, cette fois-ci de la part des autorités politiques.
Aujourd’hui mise à l’honneur dans l’exposition permanente du MIR, et en particulier à l’occasion de ces visites proposées dans le cadre des Journées européennes du patrimoine, Marie Dentière partagera pour quelques instants la vedette avec d’autres influenceuses protestantes dont les pérégrinations physiques et spirituelles, rythmées tantôt par les choix du cœur, tantôt par ceux de la raison, ont aussi contribué, à Genève et ailleurs, à développer les réseaux de la Réforme.
D’une durée de 45 minutes, elles auront lieu au MIR sous la conduite de Jean-Quentin Haefliger, conservateur et directeur adjoint
- Samedi 7 septembre à 10h00, 11h30, 14h00, 15h00 et 16h00
- Dimanche 8 septembre à 10h00, 11h30, 14h00, 15h00 et 16h00
Inscriptions
Visites gratuites mais sur inscription (15 places maximum) sur le site des Journées européennes du patrimoine
Table ronde samedi 7 septembre à 17h30
En parallèle, de ces visites guidées, le samedi 7 septembre à 17h30, le MIR recevra Mme Evelyne Lang Jakob, architecte, qui animera une table ronde: “Femme architecte dans la première moitié du 20e siècle à Genève…”.
Pour en savoir plus.
Visites itinérantes “Sur les pas de la Réforme”
Au MIR et en vieille ville de Genève, suivez les traces de l’histoire de la Réforme….
Informations et parcours