Bacchanale dans les rochers - Alice Bailly, 1912
@Musée d'art et d'histoire, Ville de Genève. Photographe: Flora Bevilacqua
L’adoration du veau d’or, le dieu égyptien Apis
École de Filippino Lippi, vers 1500, ©The National Gallery, London
Un groupe de musiciens et de danseurs évolue dans un paysage montagneux. Au-dessus de leurs têtes, un taureau surnaturel flotte dans les nuages. Huile sur toile peinte vers 1500 par l’école de Filippino Lippi, un artiste italien de l’école florentine de la Renaissance, ce tableau habituellement conservé à la National Gallery à Londres représente l’archétype du Veau d’or.
Le MIR en présente une reproduction. «Dans la Bible, le Veau d’or est l’idole fabriquée par les Hébreux avec leurs bijoux fondus, pendant que sur le Sinaï, Moïse reçoit de Dieu les tables de la Loi», éclaire Philippe Borgeaud. En l’absence de Moïse, son peuple retombe dans l’idolâtrie, symbolisée par le taureau Apis, un dieu égyptien. Cette rechute est représentée comme la conséquence d’un fantasme provoquant la ronde tourbillonnante de gens en transe. Tout à leur délire, ceux-ci se mettent à adorer des éléments irréels. L’œuvre constitue une allégorie de la superstition et de l’idolâtrie.
Hélène Smith,
Sirène de Connaissance-Serrure
Dialoguer avec les habitants de la planète Mars! Rien de plus naturel pour Élise Müller, alias
Hélène Smith (1861-1929). Cette Genevoise, qui travaillait au quotidien dans un magasin de tissus et soieries dans les Rues basses, plongeait dans des phénomènes de transe qui la voyaient parler des langues mystérieuses. En 1894, le psychologue Théodore Flournoy, un contemporain de Freud, la rencontre lors d’une soirée spirite organisée à Carouge. Des séances de table tournante sont organisées, des linguistes contactés. Parmi eux, Ferdinand de Saussure. Avec des collègues parisiens, le savant genevois constate que les propos d’Hélène Smith possèdent une certaine cohérence. Des formules se répètent. À partir de son subconscient, la médium du bout du lac s’exprime dans des idiomes inconnus possédant une certaine structure. Théodore Flournoy lui dédie un livre, «Des indes à la planète Mars», qui lui amène une importante notoriété, perdurant de nos jours. La preuve: la Bibliothèque de Genève (BGE) a consacré à Hélène Smith une exposition l’an passé.
Pour en savoir plus au sujet d’Hélène Smith, écoutez le podcast d’Hypercity
Victor Brauner, 1941, Musée Cantini, Marseille
©2024, ProLitteris, Zurich
Tête de Pan
On ne sait exactement de quels dieux il descend. Protecteur des bergers et des troupeaux, mi-humain, mi-animal, Pan passe volontiers pour le fils d’Hermès. Mais d’autres versions de la mythologie grecque le présentent comme le fils de Zeus et de Callisto, de Zeus et de Thymbris, d’Apollon et de Pénélope ou d’Hermès et de Pénélope. Liée à la fécondité et à la sexualité autant qu’à la musique, cette créature chimérique perturbe et enchante tout à la fois. Philippe Borgeaud, commissaire de l’exposition «Jouer avec les dieux», apprécie grandement ce personnage ambivalent, auquel il a consacré sa thèse de doctorat, en 1978. «C’est la divinité de la séduction comme de la répulsion, le dieu du désir et de la peur. Le mot panique dérive d’ailleurs de son nom. Pan peut charmer, mais aussi susciter l’effroi.» La tête présentée dans l’exposition du MIR est un fragment d’une statue en marbre datant du 2e siècle, copie romaine d’un original grec perdu.
Fragment d’une statue en marbre, Grèce,
vers 100 av. J.-C. ©Musée d’art et d’histoire, Ville de Genève. Photographe: Bettina Jacot-Descombes
Masque de Rangda
Avec son regard fixe, sa bouche ouverte d’où sortent d’inquiétantes incisives, sa langue pendante et ses cheveux cascadant en longues mèches sauvages sur ses épaules, la Rangda apparaît comme l’incarnation de tous les maux. Dans le folklore de Bali, cette «veuve», comme son nom peut littéralement se traduire, dirige une armée de fantômes, les Leyaks, des créatures surnaturelles prenant la forme de têtes volantes auxquelles sont attachées des entrailles. Protagoniste du théâtre sacré balinais, la Rangda est habituellement opposée à Barong, un puissant esprit protecteur, représentant des forces du bien. Ces créatures mythiques stylisées s’affrontent au cours d’une lutte sans vainqueur ni vaincu. Autour d’eux, des danseurs en transe brandissent leurs kriss, redoutables poignards aiguisés sur les deux tranchants. Le masque de grande taille figurant dans l’exposition «Jouer avec les dieux» provient du Musée ethnographique de l’université de Zurich (Völkerkundemuseum).
Indonésie (Bali), années 1930
Völkerkundemuseum der Universität Zürich