Dimanche 5 Janvier 2025 : Ouvert 10H00-17H00

Exposition temporaire à venir

Voir l’invisible

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L’Art brut et l’au-delà

Un cercueil en forme de coq géant, une robe conçue pour rejoindre un défunt dans l’au-delà, des débris de miroirs assemblés pour créer des images religieuses du Moyen-Âge italien, une évocation torturée du livre de l’Apocalypse par le fondateur de la Croix-Rouge…, telles sont quelques-unes des œuvres exposées pour quatre mois dès le 30 janvier 2025 au MIR.

Sous le commissariat de la grande spécialiste Lucienne Peiry, quatorze autrices et auteurs d’art brut, du 19ème siècle à aujourd’hui, sont présenté.e.s à travers des créations qui interrogent la mort et l’au-delà. D’Allemagne, de Chine, des Etats-Unis, de France, du Ghana, d’Indonésie, d’Italie, de Nouvelle Guinée, de Pologne, de Suisse et de Tchéquie, ces créatrices et créateurs traduisent dans une grande diversité de formes des interrogations existentielles et métaphysiques. Solitaires, déviants, ils ne trouvent guère de place dans leur communauté et n’envisagent de raison d’être qu’à travers des œuvres réalisées en autodidacte et à contre-courant. Leurs peintures, dessins, sculptures ou broderies sont, par excellence, des productions qui ouvrent sur l’altérité fondamentale, sur l’invisible.

Dans la première salle, des bas-reliefs de l’Italien Giovanni Battista Podestà (1895-1976), utilisant notamment des bris de miroirs, reproduisent des motifs populaires de la religiosité italienne, alors qu’un faisceau de visages multicolores réalisé par l’Indonésienne Ni Tanjung (1930-2020) tisse un lien coloré avec le monde des ancêtres.

Comment capter les forces magnétiques échappant à toute représentation? Dans l’espace suivant, la tchèque Anna Zemànkovà (1908-1986) utilise la plume, la perforation ou le dessin gaufré pour donner vie à des « médiums » alors que la Chinoise Guo Fengyi (1942-2010) exprime une quête spirituelle en réalisant des corps à deux têtes au stylo et à l’encre.

La salle 3 présente les dessins de quatre créatrices et créateurs. La Française Jeanne Tripier (1869-1944) réalise des tables de voyance en associant broderies, teintures, vernis à ongle et médicaments en poudre. Se considérant comme messager d’un esprit, le Mélanésien Noviadi Angkasapura (1979) représente des animaux imaginaires et des créatures anthropomorphiques inspirés de traditions asiatiques, alors que le Polonais Edmund Monsiel (1897-1962) exécute à la mine de plomb des visages de Christ à partir d’une ligne ininterrompue qui engendre d’autres physionomies. Après une expérience mystique, l’Américain J.B. Murray (1908-1988) communique sa foi à travers des dessins composés d’écrits et de figures vaudous.

Dans le quatrième espace, arrêt sur le Genevois Henry Dunant (1828-1910), fondateur de la Croix-Rouge, auteur inattendu de deux diagrammes prophétiques à partir des Livres bibliques de Daniel et de l’Apocalypse. Au sol, combinant des lambeaux de tissus, se déploie une grande constellation onirique et éphémère, reconstitution par l’artiste suisse Mali Genestd’un dispositif de l’Allemande Marie Lieb (1844-1917).

Un coq géant accueille les visiteurs dans la dernière salle. Il est l’œuvre du Ghanéen Oko Ataa (1919-2012). C’est un sarcophage préparé pour un défunt réel. Appelé à se remémorer des créations similaires, le créateur a réalisé plus de 90 dessins inspirés de ces cercueils figuratifs. Ils sont montrés sur l’une des parois de la salle. Se dresse à proximité une robe créée par la Française Jeanne Laporte-Fromage (1893-1956). Elle l’a cousue et brodée après le décès de son mari pour s’en revêtir et retrouver ce dernier dans l’au-delà. L’Autrichien August Walla (1936-2001) en propose des représentations saisissantes auxquelles s’ajoutent les quatre crucifixions de l’Italien Giordano Gelli (1928-2011) qui ne le sont pas moins. 

Du 30 janvier au 1er juin 2025
Du mardi au dimanche de 10h à 17h

Giovanni Battista Podestà, CARO CREDENTE, vers 1975, Collection la Fabuloserie, Dicy, France